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La place du Corps dans le processus thérapeutique

Je souhaiterais aujourd’hui, vous parlez, bien humblement, de l’importance du corps dans le processus thérapeutique.
Il y a fort longtemps que je me questionne sur la place du corps, la qualité et la justesse de notre rapport avec
lui, la manière d’en prendre soin. Comment découvrir sa dimension ontologique, en tant que réceptacle de
notre Âme ?
Née au sein d’une famille très sportive et dans une génération où le corps devait être dompté et dressé, à
une époque où l’écoute de nos sensations, de nos douleurs, de nos émotions paraissait anormale, je reçue
l’injonction d’un corps beau, utile, fort et sans défaillance, « objet indispensable » aux travaux
quotidiens, à de belles performances, aux loisirs et plaisirs temporaires.
Mais mon destin en avait décidé autrement et je le remercie tellement aujourd’hui.
Mon corps se manifesta très tôt au travers de nombreuses douleurs, incapacités et limitations,
m’invitant de manière pressante à stopper radicalement les maltraitances que je lui infligeais,
même si elles étaient très sportives et fort reconnues par la société. Il y avait urgence à s’occuper de lui sous ​
peine d’hypothéquer un certain nombre de possibilités pour ma vie future. Je ne savais pas encore qu’il me proposait une aventure merveilleuse et extraordinaire ; En l’occurrence la découverte de mon intériorité et le sens de ma présence ici.
Pour commencer, c’est au travers de mes études de Masso-kinésithérapie que j’ai pu découvrir, avec émerveillement sa structure et son fonctionnement. Cette approche était indispensable mais encore bien
extérieure.
Il me fallu attendre la fin de mes études et de grosses difficultés personnelles, pour comprendre que le corps
était bien plus qu’une mécanique.
A l’époque, le drainage lymphatique manuel était l’essentiel de ma pratique, au cours de laquelle je commençais à entrevoir et comprendre qu’il existe un lien incontournable entre nos émotions et notre corps.
Je fis rapidement le constat qu’une émotion bloquée, et non exprimée devient « une affection » et entraîne des
manifestations et souffrances corporelles. Au lieu de nous sentir touchés, nous sommes affectés. Et tout cela
va alors s’engrammer dans notre corps dans la plus totale inconscience. Chacune de nos blessures va venir
se mettre en mémoire et s’enrouler dans nos tissus, jusqu’à nous figer, nous bloquer, nous enfermer dans
des douleurs qui réduisent notre mobilité. Or la Vie est mouvement, adaptation, et capacité de renouvellement
permanent.
Lieu de notre incarnation, le corps est un pont entre notre environnement et nous.​
C’est « un contenant, un récipient » qui nous donne la possibilité de vivre dans ce monde. Il nous permet
d’intégrer et d’accepter la réalité de notre incarnation et de notre existence. Il nous interpelle sur notre
rapport à la vie et à ses difficultés. Nos inconforts et nos douleurs sont, ainsi, des
informations venant nous signifier notre difficulté à entendre, à accepter toutes les parts de nous-mêmes,
de notre histoire, et de nos mémoires. Tous ces messages et manifestations corporelles nous
interrogent sur nos actions, la justesse de nos choix, la cohérence avec notre profond désir de Vie.
Le corps est le lieu de la conscience et permet d’y accéder en nous aidant à aller vers l’inconnu de nous-
même. Le corps dit tout, ce que la conscience tait. S’occuper de lui est une manière de se rencontrer, et
d’apprivoiser notre intériorité. Il est bien plus encore, que cette interface entre nous
et le monde. Nous pourrons y revenir dans un prochain article. Toutefois permettez-moi d’insister sur le fait que
cette première étape, de découverte et de restauration de notre Être intérieur est essentielle.
C’est une mise en mouvement (par la pratique corporelle) pour faire plus de conscience, créer du lien
avec soi-même, avec les autres et avec la Vie.

Apprendre à s’arrêter, à se poser.
Prendre le temps de RESPIRER.
Essayer de faire Silence pour écouter, entendre, accueillir ce que le corps tente de nous dire, sans aucune interprétation.
Accepter de mettre le corps en mouvement, de se lâcher et de se libérer du connu.
Sentir l’ancrage à la terre, Trouver son axe et sa Verticalité.
Et ainsi découvrir que le cœur peut doucement s’ouvrir, et qu’un dialogue devient possible avec notre corps, nos tissus et ce qu’il y a de plus profond en nous.
Accepter de changer de paradigme et concevoir alors le corps comme bien plus, que quelque chose de mécanique, changer notre regard et prendre un nouveau chemin est une très belle aventure, qui certes demande du courage et du temps (le temps du corps n’est pas celui de la pensée, ni de la volonté). Cependant, elle nous conduit vers le plus beau des voyages : celui qui nous mène vers nous-même et notre devenir.

« TOUCHER LE SECRET DES MEMOIRES du CORPS C’EST OSER SON AVENTURE INTERIEURE » Robert Faure

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