Quel est son But, son Objectif ?
Le savons-nous vraiment.
Qu’elle passe par le langage et/ou par le corps, qu’entendons-nous vraiment par ce mot, qu’attendons-nous d’une telle démarche ?
– un mieux être et une meilleure santé ?
– Le règlement de « quelque chose » qui nous apparait comme un Problème, alors qu’il s’agirait plutôt d’une invitation à faire plus de conscience ?
– Le besoin de nous construire, comme si se réveillait en nous, une quête de sens, l’impérieuse nécessité d’un sens à donner à quelques évènements, situations, ou rencontres qui jalonnent notre chemin.
– ou bien encore, un appel, un appel de nos profondeurs, comme une injonction à rentrer en nous-même, à nous retourner vers notre intériorité, sentant qu’il s’y trouve des potentialités, un infini, une lumière qui nous donne Vie et que nous avons à faire advenir à rayonner dans un renouvellement permanent de nous-même, et dans une Joie sans cesse à reconquérir.
A notre époque, nous parlons beaucoup de développement personnel.
Parfait. Mais, avant d’entrevoir un quelconque développement, ne faudrait-il pas nous poser la question de qui nous sommes ? Ne faudrait-il pas prendre le temps d’écouter, de se retourner vers l’intérieur de nous-même pour y découvrir de merveilleuses potentialités ?
Oui ce processus nous demande le courage d’élaguer nos ronces familiales, généalogiques et karmiques ainsi que de nettoyer ce qui peut nous entraver, nous limiter et nous enfermer. Le Fruit a besoin d’une coque, d’une protection pour arriver à maturité, mais vient un temps où cette coquille doit se détacher, se fissurer, pour le libérer sous peine de le voir pourrir et sécher.
Lorsque Adam et Eve, dans le Jardin d’Eden, consomment du fruit de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal, ils se cachent car ils sont nus et ils en ont honte.
A ce moment-là, Dieu appelle Adam et lui dit « Où es-tu ? » « AYEKAH » en hébreu.
Adam avait été averti de l’interdiction de consommer du fruit de cet Arbre. Mais, empressé et impatient il ne put s’empêcher d’y goûter, pensant faire l’économie du travail et du chemin nécessaire pour accéder à la connaissance, nous dit Annick de Souzenelle. Et c’est ainsi qu’Adam tomba dans l’extériorité de lui-même et du monde.
Tout comme Adam, n’avons-nous pas oublié nos véritables racines, et d’où nous venons ?
Ne nous-sommes pas perdus, comme en exil, dans l’extériorité de nous-même, pris au piège de nos egos avides de toute puissance, de possession et de jouissance, plaçant le paraître avant l’être ?
Ainsi « Où es-tu », « AYEKAH » est une invitation à l’introspection, à l’interrogation sur le sens de la création, du monde et de notre Vie.
Où es-tu ? Où te trouves-tu dans ce monde ?
As-tu pris le temps de regarder avec attention à l’intérieur de toi ?
As-tu pris le temps de t’interroger sur le sens de ton existence et de ta présence dans ce monde ?
L’engagement Thérapeutique me semble commencer par ces questionnements, lorsque, un jour le décalage entre ce que je ressens et ce que je vis devient tel, qu’il est alors insupportable.
Et Souvent arrive cette question : Mais où suis-je ? comme un appel venant de nos profondeurs « Où es-tu « ? Ne te serais-tu pas perdu ?
Une « Thérapie » n’est pas là, pour se débarrasser d’un problème existentiel, dans le but, le plus souvent, d’un illusoire bonheur ou bien-être passager.
Il s’agit plutôt d’une réelle tentative, d’un départ en voyage vers une découverte de notre être profond et authentique.
« LEKH LEKHA » dit Dieu à Abraham. Quitte ton pays et ta famille et VA vers ta terre, VA VERS TOI.
Quitte tes conforts matériels, tes attachements, tes sécurités et VA VERS TOI- MEME.
Le processus Thérapeutique est ainsi, une véritable mise en mouvement qui effectivement demande un réel engagement, du courage, de l’endurance et beaucoup de patience et de temps.
Il s’agit de rentrer dans un véritable processus de transformation et de transmutation. C’est accepter de rentrer dans un chemin de conscience et de questionnement permanent.
Et ainsi, trouver la Joie d’un renouvellement infini de soi, des autres et du monde.
« L’Homme n’est pas un être né crée, mais un être qui se fait naître à nouveau, qui se recrée »
Marc Alain Ouaknin
En Hébreu, Être un Homme authentique, un Être Humain connecté à sa Source Créatrice, c’est être sans cesse en questionnement
ADAM contient la racine MAH qui signifie « QUOI »
Ainsi accéder à sa dimension humaine d’Homme authentique, c’est accepter de rentrer dans un questionnement, d’aller de questions en question sans qu’il n’y ait forcément de réponse immédiate. « La réponse est le Tombeau » nous dit la pensée hébraïque.
Se questionner, c’est accepter de « remettre en questionnement » des croyances, des attachements, des actions des comportements c’est accepter de se dépasser, d’aller au-delà de ce que l’on- ou les autres- croyaient de nous.
« C’est le commencement de la sagesse que de ne pas oublier ce que l’on est et d’avoir les yeux fixés sur les éléments dont on est composé » Philon d’Alexandrie
Devenir le fruit de l’Arbre plutôt que de le saisir extérieurement par impatience et refuser de faire le chemin, c’est tout simplement passer de l’Avoir à l’Être.
Tel est le sens véritable d’un processus thérapeutique. Il ne s’agit pas, bien sûr de rester pendant des années en Thérapie, mais le chemin s’avère parfois ardu et difficile et nécessite, que quelqu’un, qui a déjà l’expérience de cette étape puisse nous accompagner, nous soutenir et nous aider.
Pour terminer, je souhaiterais évoquer 2 Traditions spirituelles très différentes et par voie de conséquence, 2 orientations du processus thérapeutique.
La première est héritée de la tradition grecque et demeure assez répandue en Occident. Ici, l’objectif est de s’occuper et de ne vivre que pour l’Âme. Il s’agit donc de sortir du corps, du souci de la matérialité et du monde. La Thérapie, dans ce contexte a, ainsi pour objectif de se défaire de nos attaches corporelles et de la matière illusoire, source de tous nos maux.
La seconde est l’héritage de la Tradition Juive. Ici la question de l’UN, de l’Unité est essentielle. Le corps est le contenant, la maison, le temple de l’Âme. La Thérapie, va donc, par conséquent prendre soin du corps, de la matière et du monde. Il s’agit de les réparer pour que l’âme et le corps, la matière et la spiritualité, le ciel et la terre puissent se relier et s’unifier. Prendre soin du corps, du monde pour les ouvrir à la lumière Divine, à la présence divine cachée au sein de leurs plus grandes profondeurs.
2 chemins très différents :- le premier qui enseigne un détachement du Corps et du monde
– Le second qui enseigne la réparation et le prendre soin de la création afin d’unir le monde d’en haut et le monde d’en bas.
C’est, de toute évidence dans l’esprit de cette seconde tradition et dans sa perspective ontologique que je me propose de vous accompagner.
Le processus thérapeutique est une mise en mouvement, une dynamique dans un chemin de connaissance et de création sans cesse renouvelée de soi et du monde.
La Santé en hébreu se dit « Bériyout ». Ce mot a la même racine que « Bériyah » qui signifie la création du monde et provient du mot « Bara » qui signifie créer.
« Pour la pensée Hébraïque, être en bonne santé, c’est se situer dans une position de création, de recréation de soi et du monde » Marc Alain Ouaknin
Pour finir permettez-moi de reprendre les mots issus d’un livre d’Ariel Toledano. Cette phrase fût prononcée par un de ses patients, lors de son 99ième anniversaire, en réponse à tous les vœux de longévité exprimés par ses proches
« Il ne s’agit pas tellement d’ajouter des jours à la Vie, mais plutôt de la Vie aux jours »
Merci à lui pour cette Phrase magnifique, emplie de vérité et de sagesse.